Cette semaine, je
suis allée voir le film Québékoisie au cinéma Cartier (seul cinéma à Québec qui
le diffuse).
Ce
film-documentaire retrace le périple à vélo d’un couple de québécois partis à la
rencontre des différentes réserves autochtones qui bordent la route 138. Le but de
leur voyage est de prendre le pouls des relations entre québécois et autochtones
et on peut dire qu’ils démontrent dans leur film tout un éventail de
sentiments.
Je pense à ce
québécois rencontré à Baie St-Paul qui leur raconte combien ces indiens sont des
sauvages enragés, qu’il ne serait pas capable de dormir s’il savait qu’il y en
avait un dans sa rue et qui ressort tous les ouï-dire qui se transmettent de
générations en générations (c’est un peuple d’alcooliques et drogués, qui
battent leurs femmes et qui profitent des allocations chômage sans payer de
taxes…) Cependant, quand la cinéaste lui demande s’il a déjà parlé à des
autochtones, il consent qu’il n’a jamais été en contact avec
aucun…
Puis il y a ces
trois sœurs qui racontent leur jeunesse, la rupture avec leur culture
amérindienne lorsqu’elles ont été placées dans les pensionnats, et les efforts
qu’elles ont du faire pour retrouver cette culture et pour pouvoir la promulguer
aujourd’hui, notamment par des ateliers dans les écoles de «blancs». Pourtant
leur ouverture au monde leur apporte des critiques au sein même de leur
communauté qui voit d’un mauvais œil le fait qu’elles se mêlent avec les blancs.
Et puis il y a
cette québécoise, la sœur du policier tué lors de la crise d’Oka, qui raconte
combien elle a été surprise d’apprendre que les indiens existaient encore au
Québec alors qu’elle pensait qu’ils avaient disparu depuis que Jacques Cartier
était venu au Canada. Dans le malheur d’avoir perdu un proche dans les
affrontements québécois-mohawks, elle a décidé d’en apprendre plus sur ce peuple
et de contribuer à raconter leur histoire.
Il y a également
cette artiste autochtone et son dilemme d’avoir des enfants mixtes avec un
québécois et de ne pas pouvoir les élever à 100% dans la culture autochtone mais
qui finalement essaie de le prendre avec philosophie.
Enfin il y a cet Innu qui a quitté sa réserve pour vivre dans le monde des « blancs » et qui
cherche à retracer ses origines. Sa quête le transporte en Normandie où il fait
la connaissance d’un membre très éloigné de sa famille. Il explique combien il
est heureux de faire ce voyage mais aussi combien son propre cousin se sentirait
insulté s’il savait qu’il avait du sang européen.. car la fierté d’être innu passe avant toute chose.
Tous ces
portraits sont entrecoupés de commentaires très intéressants de l’anthropologue québécois Serge Bouchard et du sociologue innu Pierrot Ross-Tremblay et le mot de la fin appartient finalement à une scientifique qui
a prouvé qu’au Québec, plus de 50% de la population a du sang indien dans ses
veines, et même un taux de 85% rien qu’à Montréal.
D’ailleurs, notre
fille aura elle aussi, de par son père, du sang indien dilué de 5 ou 6 générations,
et je trouve ça cocasse que d’un point de vue génétique, c’est moi, « venue
d’ailleurs », qui vais lui apporter le moins de
diversités…
Québékoisie (bande-annonce) from
MÖ FILMS on
Vimeo.