samedi 1 février 2014

Québékoisie

Cette semaine, je suis allée voir le film Québékoisie au cinéma Cartier (seul cinéma à Québec qui le diffuse).
Ce film-documentaire retrace le périple à vélo d’un couple de québécois partis à la rencontre des différentes réserves autochtones qui bordent la route 138. Le but de leur voyage est de prendre le pouls des relations entre québécois et autochtones et on peut dire qu’ils démontrent dans leur film tout un éventail de sentiments.
Je pense à ce québécois rencontré à Baie St-Paul qui leur raconte combien ces indiens sont des sauvages enragés, qu’il ne serait pas capable de dormir s’il savait qu’il y en avait un dans sa rue et qui ressort tous les ouï-dire qui se transmettent de générations en générations (c’est un peuple d’alcooliques et drogués, qui battent leurs femmes et qui profitent des allocations chômage sans payer de taxes…) Cependant, quand la cinéaste lui demande s’il a déjà parlé à des autochtones, il consent qu’il n’a jamais été en contact avec aucun…
Puis il y a ces trois sœurs qui racontent leur jeunesse, la rupture avec leur culture amérindienne lorsqu’elles ont été placées dans les pensionnats, et les efforts qu’elles ont du faire pour retrouver cette culture et pour pouvoir la promulguer aujourd’hui, notamment par des ateliers dans les écoles de «blancs». Pourtant leur ouverture au monde leur apporte des critiques au sein même de leur communauté qui voit d’un mauvais œil le fait qu’elles se mêlent avec les blancs.
Et puis il y a cette québécoise, la sœur du policier tué lors de la crise d’Oka, qui raconte combien elle a été surprise d’apprendre que les indiens existaient encore au Québec alors qu’elle pensait qu’ils avaient disparu depuis que Jacques Cartier était venu au Canada. Dans le malheur d’avoir perdu un proche dans les affrontements québécois-mohawks, elle a décidé d’en apprendre plus sur ce peuple et de contribuer à raconter leur histoire.
Il y a également cette artiste autochtone et son dilemme d’avoir des enfants mixtes avec un québécois et de ne pas pouvoir les élever à 100% dans la culture autochtone mais qui finalement essaie de le prendre avec philosophie.
Enfin il y a cet Innu qui a quitté sa réserve pour vivre dans le monde des « blancs » et qui cherche à retracer ses origines. Sa quête le transporte en Normandie où il fait la connaissance d’un membre très éloigné de sa famille. Il explique combien il est heureux de faire ce voyage mais aussi combien son propre cousin se sentirait insulté s’il savait qu’il avait du sang européen.. car la fierté d’être innu passe avant toute chose.
Tous ces portraits sont entrecoupés de commentaires très intéressants de l’anthropologue québécois Serge Bouchard et du sociologue innu Pierrot Ross-Tremblay et le mot de la fin appartient finalement à une scientifique qui a prouvé qu’au Québec, plus de 50% de la population a du sang indien dans ses veines, et même un taux de 85% rien qu’à Montréal.

D’ailleurs, notre fille aura elle aussi, de par son père, du sang indien dilué de 5 ou 6 générations, et je trouve ça cocasse que d’un point de vue génétique, c’est moi, « venue d’ailleurs », qui vais lui apporter le moins de diversités…


Québékoisie (bande-annonce) from MÖ FILMS on Vimeo.

1 commentaires:

Coco a dit…

Un film que j'aimerai bien voir.
Les "histoires" des indiens m'ont toujours intéressées. Et il y a un beau film que j'apprécie qui parle des derniers cheyennes. "The last of Dogmen" avec Tom Berenger. Certes ça reste un film. :)
J'ai regretté lors de nos voyages de ne pas avoir pu aller au Pow Wow au village des Hurons.