vendredi 2 août 2013

Maudite Française

Une insulte que je n'ai jamais entendue mais dont tous les livres et sites qui préparent à l'immigration nous disent de nous méfier. Peut-être qu'elle était plus répandue il y a quelques années et qu'au fur et à mesure des vagues d'immigration, le rapport vis à vis des Français change? D'ailleurs, on commence à voir et entendre de plus en plus de journalistes français dans les médias, est-ce un signe?

Quoiqu'il en soit, cette Française n'a pas fait la sourde oreille à l'insulte qui lui a été lancée et en a même retiré un petit pactole : 3500 $. Même si je comprends la démarche, je pense que les tribunaux ont d'autres crimes à juger, non?

Publié le 02 août 2013 à 00h00 | Mis à jour à 07h00 - Lapresse.ca

«Maudite Française», une insulte chère payée

Une Québécoise d'adoption qualifiée de «maudite Française» a eu droit à un chèque de 3500$ pour réparer une «discrimination fondée sur son origine ethnique ou nationale», gracieuseté du Tribunal des droits de la personne.






La pharmacienne Josette Curé - une Française installée au Québec depuis 28 ans - s'est aussi fait reprocher sa «sale gueule de Française» par la même cliente, toujours selon le jugement publié plus tôt cette année.
Les faits remontent à 2010. Mme Curé ne traitait pas les commandes assez rapidement au goût de Lucette Morin, une cliente qui s'est impatientée. C'est elle qui a insulté la plaignante.
Or, au Tribunal des droits de la personne, on ne badine pas avec les insultes basées sur l'origine de la personne visée.
«Traiter quelqu'un de "sale Arabe", "sale musulman" ou de "sale nègre" sont des qualificatifs très dégradants qui ont toujours été condamnés dans notre société, a écrit le juge Jean-Paul Braun. L'expression "sale gueule de Française", même si elle est moins courante, est de la même nature.»
Mme Morin devra donc verser 3500 $ à Mme Curé. L'expression «sale gueule de Française» «reproduit un préjugé à l'endroit de l'origine nationale de la personne», a estimé le magistrat.
Le tribunal a notamment tenu compte du fait que la prise de bec a amené Mme Curé à «se remettre en question». «Cet événement l'a longtemps obsédée et perturbée», a relaté le juge Braun.
Propos contestés
En entrevue avec La Presse, Lucette Morin a admis avoir perdu patience le jour fatidique. Elle a relaté qu'elle attendait depuis près d'une heure une commande déjà faite au téléphone pendant que son époux l'attendait dans l'auto.
Comme Mme Curé parlait avec des collègues et ne semblait pas accorder l'attention souhaitée à sa commande, la cliente lui alors aurait lancé que le processus irait plus vite «si ce n'était pas de sa gueule de Française». Elle a affirmé ne jamais avoir prononcé le mot «sale» et ne pas avoir utilisé l'expression «maudite Française». «Il y a une résonance de vulgarité là-dedans [...] Ce n'est pas mon langage.»
La pharmacienne et deux de ses collègues ont témoigné du contraire. 
Pas raciste
Pour sa défense, la femme a expliqué avoir travaillé pendant des décennies comme professeure dans des écoles multiethniques. Après sa carrière dans l'enseignement, Mme Morin a ouvert une agence de voyages.
«Je n'ai pas pour cinq cents de racisme à l'intérieur de moi», a fait valoir Lucette Morin.
Josette Curé n'a pas voulu discuter de la décision du Tribunal avec La Presse. Elle s'est bornée à dire qu'elle en était «absolument» satisfaite. Les Français de Montréal sont «de moins en moins» visés par des insultes fondées sur leurs origines, a-t-elle ajouté. Selon elle, la situation aurait connu une évolution favorable depuis 28 ans.
La Commission des droits de la personne a représenté Mme Curé devant le Tribunal. L'organisme n'a toutefois pas voulu commenter la décision du juge Braun.

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